Un auteur à succès couronné de prix a commis un petit opus, une nouvelle un peu longue, un roman un peu court « inspiré d’une histoire vraie », ce qui ne manque pas d’attirer les foules.
Mais cet opus est ennuyeux. On se traîne dans de faux événements, une narration convenue, des états d’âme mal exposés.
Et l’écriture ne sauve rien. Une phrase au hasard : « il possédait de longs cils qui ombraient ses pupilles ». Mon institutrice (pardon, ma professeure des écoles) de CM2 m’aurait reprise sur cette formulation et je vois presque dans la marge son commentaire en rouge « phrase lourde ». En plus d’être lourd, c’est ridicule : il possédait des cils ? Il ne les avait pas en location longue durée, il ne les avait pas empruntés le matin, personne ne les lui avait prêtés, il les possédait, ouf !
Ma professeure des écoles m’aurait demandé de réécrire. Nous serions probablement tombées d’accord sur la formulation sobre mais non moins frappante : « de longs cils ombraient ses pupilles ». Mais peut-être fallait-il faire de la ligne, de la phrase, du texte à tout prix, avec le dictionnaire des synonymes sous la main ?
Relisons ÉLISÉE RECLUS pour nous consoler !