L’église Sainte Libaire de Rambervillers (Vosges) a été construite au XIIIe siècle par Etienne de Bar, évêque de Metz, dans cette petite ville, le siège d’une châtellenie du temporel de son évêché, qui dépendait toutefois au spirituel du diocèse de Toul. Il fonda en même temps à proximité l’abbaye d’Autrey. Disparue à la suite d’incendies ou faits de guerre, l’église fut reconstruite au XVIe siècle par Conrad II Bayer de Boppart, évêque de Metz, en grès bigarré des Vosges extrait des carrières d’Autrey et de Fremifontaine toutes proches. Consacrée en 1516 par l’évêque Jacques de Lorraine, l’église fut saccagée en 1557 par les soldats du baron Polwiller, bailli de Haguenau au service de Charles Quint. La charpente fut entièrement refaite en 1564. Inscrite à l’inventaire spécial des M.H. dès 1926, elle est classée monument historique depuis 1986.
Elle est consacrée à Sainte-Libaire (ou Lievière), première martyre du diocèse sous Julien l’Apostat : Libaire refusa d’adorer à Grandesina (site actuel de Grand, dans les Vosges) la statue d’or d’Apollon qu’elle pulvérisa de sa simple quenouille, selon les hagiographes. Elle fut décapitée en 362. La chapelle Sainte-Libaire, extérieure à la porte du cimetière de Grand, en indique le lieu, à hauteur de la deuxième borne miliaire près d’Apollogranum ou Grandesina.
Construite en style gothique flamboyant, cette grande église (40 X 15 m), sans transept (particularité de l’école champenoise) est jalonnée d’arcs-boutants, dont les contreforts dont surmontés de pinacles d’où s’élance une aiguille conique terminée par une boule. La flamboyance s’observe elle avant tout dans les remplages, c’est-à-dire dans les armatures en pierre des vitraux, qui présentent une forme très caractéristique de flammes. Les cinq grandes fenêtres du chœur et les trente-quatre fenêtres à deux ou quatre meneaux sont dotées de vitraux du XIXe siècle.
Une statuaire et un mobilier anciens et typiques classés
Sont ainsi classés : la statue de Sainte Anne et la Vierge à l’enfant du XVe siècle, une pietà du XVIe siècle primitivement polychrome, une Pietà du XVIIIe placée au-dessus du petit autel qui surplombe la tombe d’Elisabeth de Brens (1609-1668), Bénédictine du couvent de Rambervillers, des statues de la chapelle du calvaire construite selon les vœux de trois soldats rescapés de la retraite de Russie style rhénan) et les statues de Sainte Libaire, l’une en pierre dorée de la fin du XVIe siècle, l’autre de 1919 placée près de l’autel, ainsi que l’aigle-lutrin baroque en chêne sculpté et le tableau de François Sénémont (1777) qui raconte le martyre de Sainte Libaire, tout comme la statue du Christ de Rambervillers adossée au chœur : la croix serait du XVIIIe, mais le Christ du XVe, provenant d’une poutre de gloire (arc triomphal qui séparait jadis le chœur de la nef).
Le fondeur Robert qui a réalisé en 1804 trois cloches : Marie, Victoire et Jeanne, en a ajouté une quatrième plus petite qui sonnait autrefois pour l’enterrement des indigents et des enfants.
Les confessionnaux réalisés au XVIIIe siècle dans le style Louis XV ils présentent d’originaux volets de bois sculpté, destinés à édifier le pénitent durant son attente au confessionnal. Sainte Libaire est fêtée le 8 octobre dans le rituel de Toul-Nancy, et le 8 octobre dans le rituel de Saint-Dié.